Opinion Outre-Mer
13H37 - mardi 20 mai 2025

2025, Année de la mer : la Martinique à l’offensive pour ses océans

 

Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les océans et envoyé spécial du Président de la République pour la 3e Conférence des Nations Unies sur les Océans

En 2025, la France fait de l’océan son horizon majeur ; pour la Martinique, île atlanto-caraïbe où la mer coule dans chaque veine, cette Année de la mer est bien plus qu’un label : c’est une occasion unique de tirer parti de son patrimoine maritime, de mobiliser ses habitants et de porter sa voix jusqu’à l’UNOC-3, la Conférence des Nations unies sur l’Océan qui se tiendra à Nice du 9 au 13 juin.

Ce mercredi 21 mai, le préfet de Martinique, Etienne Desplanques, réunira à Fort-de-France l’ensemble des services de l’État et les acteurs déjà engagés dans cette dynamique — associations, entreprises, institutions scolaires — ainsi que les représentants des initiatives retenues pour se rendre à l’UNOC-3. La délégation française, coorganisatrice de la conférence avec le Costa Rica, présentera huit priorités — de la protection de 30 % des océans d’ici 2030 à la ratification du traité BBNJ sur la haute mer, sans oublier la lutte contre la pollution plastique et la décarbonation du transport maritime.

Cette forme de Sommet mondial des océans, voulu par Emmanuel Macron et dont Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les océans et envoyé spécial du Président de la République pour la 3e Conférence des Nations Unies sur les Océans, bien connu des lecteurs d’Opinion Internationale, devra être un rendez-vous crucial pour nos Outre-mer.

Au Pavillon des Outre-mer, la Martinique défendra un rôle de « laboratoire bleu » dans l’espace Atlantique Caraïbe, en s’appuyant sur vingt-et-une initiatives labellisées dans le cadre d’un appel à projets piloté par la Direction de la mer de la préfecture. Les écoles ont déjà relevé le défi : à travers le concours « BiMer », des classes de CM1 ont esquissé leur vision de l’océan de demain. La science est aussi à la fête : le colloque « Ta Mer Ta Science » et l’inauguration, en octobre, d’un laboratoire d’étude des coraux illustrent l’engagement de l’Office de l’Eau aux Anses-d’Arlet. L’économie bleue n’est pas en reste — le Grand Port des Iles s’équipe de nouveaux portiques dès le 16 mai pour réduire l’empreinte carbone des escales.

Le patrimoine et la culture invitent à la rencontre : le festival Belya Lanmè, qui a animé le début du printemps, ou le défilé « Filets du Futur » à Saint-Pierre le 5 juin, entendent réconcilier traditions de pêche et design durable. Côté sports, la Martinique fera courir ses yoles rondes fin juillet, s’élancera pour la Transat Café L’Or en novembre et fera escale, autour du littoral, avec le village itinérant « Kay Lanmè » du Cluster Maritime.

Pour soutenir ces troupes maritimes, un plan de communication, un kit graphique commun et une plateforme dédiée ont été déployés, assurant cohérence et visibilité. Et l’effort ne s’arrêtera pas au 31 décembre : chaque mois, le ministère des Outre-mer mettra en lumière un territoire, et la Martinique sera à l’honneur en octobre, moment clé pour nouer de nouveaux partenariats et préparer la phase finale de l’Année de la mer.

Protéger 30 % des côtes, traquer les déchets plastiques ou réinventer les filières nautiques : la réussite de 2025 dépendra de l’alignement de tous — collectivités, acteurs privés, associations et habitants. La culture maritime de la Martinique est son point d’ancrage, son réservoir de talents et d’innovations. Dans ce contexte, « la mer nous relie, nous nourrit, nous inspire », rappelle le préfet ; 2025 doit devenir l’année où la Martinique aura montré que, pour aimer l’océan, il faut d’abord le protéger.

 

Michel Taube

Directeur de la publication
OSZAR »