Depuis début mars 2025, les plages guadeloupéennes et martiniquaises subissent des échouements de sargasses, ces algues brunes holopélagiques qui prolifèrent en Atlantique équatorial avant d’être poussées vers la Caraïbe. Météo-France Martinique a déclenché une alerte sargasses le 10 mars, soulignant que les radeaux détectés en mer auguraient « une saison 2025 plus longue et plus intense » qu’en 2024.
Sur le plan environnemental, l’échouage prolongé provoque la putréfaction des algues qui dégagent un jus noir chargé de sulfure d’hydrogène et de métaux lourds ; ce « jus » noircit le sable, corrode les infrastructures littorales et menace la ponte des tortues marines. Les communes littorales peinent à organiser le nettoyage, notamment parce le coût moyen d’enlèvement atteint 500 € la tonne.
La filière touristique (7 000 emplois saisonniers) est directement menacée, notamment pour les opérateurs de plongée sous-marine, déjà confrontés à une visibilité réduite en mer.
Ainsi, le 7 mai 2025, en séance de questions d’actualité au Sénat, Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a reconnu l’ampleur sanitaire et économique de la crise, à la suite d’une question du sénateur de Guadeloupe, Dominique Théophile :
« Ce fléau est amplifié par le dérèglement climatique. C’est un enjeu économique, sanitaire, social, dévastateur pour le tourisme, la pêche et la santé des habitants. […] Nous agissons, avec le plan Sargasses 2, mis en œuvre de 2022 à 2025, pour gérer la détection en amont des sargasses jusqu’à leur traitement une fois échouées. Des expérimentations de relargage en mer sont en cours ; elles sont suivies avec attention pour éviter de potentiels effets sur la biodiversité ou sur les territoires voisins. […] L’objectif est de disposer d’un plan de lutte et de gestion post-2025, avec un soutien aux filières de valorisation et un déploiement élargi de la collecte en mer et du relargage. »
Pour les professionnels du tourisme, ces mesures arrivent tard : « Chaque jour où les sargasses restent, c’est une plage de perdue », déplore un responsable hôtelier.
À l’aube de la haute saison, l’enjeu est de reconquérir une clientèle échaudée et de garantir que l’« île aux fleurs » ne devienne pas l’« île aux algues ».
La Rédaction d’Opinion Internationale