Opinion Outre-Mer
06H38 - vendredi 9 mai 2025

Antilles : les « algues brunes » en passe de devenir une catastrophe touristique ?

 

sargasses antilles

Depuis débutmars2025, les plages guadeloupéennes et martiniquaises subissent des échouements de sargasses, ces algues brunes holopélagiques qui prolifèrent en Atlantique équatorial avant d’être poussées vers la Caraïbe. Météo-France Martinique a déclenché une alerte sargasses le10mars, soulignant que les radeaux détectés en mer auguraient «une saison2025 plus longue et plus intense» qu’en2024.

Sur le plan environnemental, l’échouage prolongé provoque la putréfaction des algues qui dégagent un jus noir chargé de sulfure d’hydrogène et de métaux lourds; ce «jus» noircit le sable, corrode les infrastructures littorales et menace la ponte des tortues marines. Les communes littorales peinent à organiser le nettoyage, notamment parce le coût moyen d’enlèvement atteint 500€ la tonne.

La filière touristique (7000emplois saisonniers) est directement menacée, notamment pour les opérateurs de plongée sous-marine, déjà confrontés à une visibilité réduite en mer.

Ainsi, le 7mai2025, en séance de questions d’actualité au Sénat, Mme AgnèsPannier-Runacher, ministre de la Transitionécologique, a reconnu l’ampleur sanitaire et économique de la crise, à la suite d’une question du sénateur de Guadeloupe, Dominique Théophile :

«Ce fléau est amplifié par le dérèglement climatique. C’est un enjeu économique, sanitaire, social, dévastateur pour le tourisme, la pêche et la santé des habitants. […] Nous agissons, avec le plan Sargasses2, mis en œuvre de2022 à2025, pour gérer la détection en amont des sargasses jusqu’à leur traitement une fois échouées. Des expérimentations de relargage en mer sont en cours; elles sont suivies avec attention pour éviter de potentiels effets sur la biodiversité ou sur les territoires voisins. […] L’objectif est de disposer d’un plan de lutte et de gestion post-2025, avec un soutien aux filières de valorisation et un déploiement élargi de la collecte en mer et du relargage.»

Pour les professionnels du tourisme, ces mesures arrivent tard: «Chaque jour où les sargasses restent, c’est une plage de perdue», déplore un responsable hôtelier.

À l’aube de la haute saison, l’enjeu est de reconquérir une clientèle échaudée et de garantir que l’«île aux fleurs» ne devienne pas l’«île aux algues».

 

La Rédaction d’Opinion Internationale

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