Le second tour de l’élection présidentielle en Pologne sera donc serré le 1er juin.
La Pologne élit en effet son prochain président lors d’un scrutin à forts enjeux politiques, tant sur le plan intérieur qu’européen. Ce premier tour a opposé notamment Rafal Trzaskowski, maire de Varsovie et figure centriste pro-européenne, à Karol Nawrocki, historien nationaliste soutenu par le parti Droit et Justice (PiS), proche de l’ancien président Andrzej Duda. Les deux favoris se départeront au second tour.
Selon les derniers sondages, Trzaskowski, soutenu par la coalition gouvernementale du Premier ministre Donald Tusk, est crédité de 32,6 % des intentions de vote. Nawrocki recueille 26,4 % des suffrages. En troisième position, Sławomir Mentzen, candidat d’extrême droite et chef de file du mouvement Confédération, avait séduit une frange jeune et contestataire de l’électorat, notamment dans les zones rurales, mais il n’est pas qualifié.
Mais le sort de la présidentielle dépendra des reports de voix (ou non) parmi les battus du premier tour.
L’élection intervient dans un contexte de cohabitation difficile entre le gouvernement pro-UE et la présidence sortante, contrôlée jusqu’ici par le PiS. Le chef de l’État dispose en Pologne d’un droit de veto significatif sur les lois votées par le Parlement, un outil utilisé à de nombreuses reprises par Andrzej Duda pour bloquer des réformes clés du gouvernement. Une victoire de Trzaskowski permettrait à la coalition de Donald Tusk d’appliquer plus librement son programme de réformes, notamment en matière de droits des femmes et d’État de droit.
Sur le plan international, les deux candidats incarnent des visions opposées. Rafal Trzaskowski s’inscrit dans une stratégie d’intégration européenne et d’alliance renforcée avec Paris, Berlin et Bruxelles. Karol Nawrocki, lui, multiplie les gestes de proximité avec Donald Trump, qu’il a récemment rencontré à Washington. Il prône une ligne souverainiste, atlantiste et conservatrice, en opposition au tropisme européen de son adversaire.
L’extrême droite de Mentzen, aux positions anti-UE assumées dans le passé, a tenté de capter un électorat jeune par un discours libertarien mêlant défense des cryptomonnaies, rejet des normes écologiques et attaques contre l’immigration ukrainienne. Bien que sa percée a été assez limitée, son discours reflète une radicalisation d’une partie de la droite polonaise.
Ce scrutin, autant que la présidentielle en Roumanie, est scruté de près à Bruxelles, Paris et Berlin. Varsovie est aujourd’hui un acteur stratégique sur le flanc Est de l’OTAN, engagé à consacrer 5 % de son PIB à la défense, un record européen. Donald Tusk, aux côtés d’Emmanuel Macron et du chancelier allemand Friedrich Merz, s’est récemment rendu à Kiev pour affirmer l’unité occidentale face à la menace russe.
La présidentielle polonaise intervient dans un climat tendu entre les soutiens du gouvernement pro-européen et les forces nationalistes, dans un pays géopolitiquement central et historiquement méfiant à l’égard de Moscou. Le résultat du scrutin du 18 mai pourrait donc peser bien au-delà des frontières polonaises.
La Rédaction d’Opinion Internationale