C’est une boucherie. Trois jeunes hommes, tombés sous les balles en pleine rue de Fort-de-France ce dimanche 11 mai, probablement sous les rafales d’armes automatiques — Kalachnikov ou assimilées — au lever du jour, pendant que d’autres faisaient leur jogging, buvaient leur café, vivaient. Trois morts de plus, et une Martinique qui, lentement mais sûrement, s’enfonce dans une spirale mafieuse où les règlements de comptes, les bandes armées et l’ultraviolence sont devenus la norme. Douze morts à Fort-de-France depuis janvier. Douze. Et ce n’est pas fini.
12 morts dans un territoire de 350.000 habitants ? A l’échelle nationale, c’est comme si 2400 personnes avaient été tuées par balles dans l’ensemble de la France.
Alors que la rue fume encore du sang des innocents, les responsables locaux jouent à nouveau la partition de l’indignation. Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, appelle à un « sursaut collectif » et à des « mesures exceptionnelles » de l’État. Faut-il rire ou pleurer devant tant d’hypocrisie ? Où était ce même maire, et tant d’autres élus martiniquais, lorsque l’État envoyait la CRS 8 pour ramener l’ordre dans les quartiers tenus par les caïds ? Où étaient-ils, quand le préfet tentait — trop timidement hélas — d’intervenir à Sainte-Thérèse, fief du trafic et du chaos ? Ils étaient en train de dénoncer le prétendu “autoritarisme” de l’État, d’en appeler au “respect des territoires”, de défendre les mêmes voyous qui aujourd’hui tirent sur les forces de l’ordre et assassinent en pleine rue.
Le plus grave n’est pas l’inaction, c’est la complicité passive. Les élus martiniquais qui ont contribué à faire retirer la CRS 8, qui ont sabordé tout retour à l’ordre au nom d’un populisme tiers-mondiste, sont aujourd’hui comptables de cette montée en puissance d’un narco-terrorisme local. Ils n’ont rien vu venir, ou plutôt ils ont tout vu, mais ont choisi de détourner le regard. Résultat : des enfants armés comme des miliciens, des mères qui pleurent, des commerces détruits, une jeunesse sacrifiée.
Il est plus que temps que l’État cesse de se laisser intimider. Que les forces de sécurité aient carte blanche pour reconquérir les quartiers. Que les ports et les aéroports soient scrutés minute par minute. Que la Martinique cesse d’être cette plaque tournante de la cocaïne venue d’Amérique du Sud, sous le silence complice de certains élus, et l’indifférence crasse de Paris.
À la veille de la réunion d’urgence convoquée ce lundi, une seule question reste posée : combien de morts faudra-t-il encore pour que l’on comprenne que l’on ne négocie pas avec les trafiquants, tout doit être mis en oeuvre pour les arrêter.
Manuel Valls, ministre des Outre-mer, et Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, qui ont toujours fait de la sécurité une priorité, et Bruno Retailleau, doivent intervenir et aider la Martinique à retrouver ordre et sécurité. Il est temps que des voix fortes à Paris réclament une opération de reconquête totale, humaine, sécuritaire, économique et éducative.
Car si l’on continue ainsi, demain, Fort-de-France ne sera plus une ville française. Elle sera une Medellín des Antilles.
Michel Taube