Il aurait pu être un grand ministre des Outre-mer.
Auréolé de son passé de Premier ministre et de ses années de formation au côté de Michel Rocard à l’époque des accords de Matignon, Manuel Valls enchaîne pourtant les choix et les erreurs stratégiques qui pourraient coûter cher à la République française.
En relayant, en soutenant même, les revendications d’autonomie et d’autodétermination des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, en rencontrant récemment le RPPRAC en Martinique, en priorisant les discours nauséeux et souvent démagogiques contre la vie chère sur la nécessité absolue d’un retour du régalien dans les territoires éloignés de l’hexagone, Manuel Valls ne fait que creuser un peu plus le fossé entre les Outre-mer et la République française.
La dernière visite de Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie, d’une longueur qui souligne les efforts qu’il a pourtant voulu y déployer, se solde par un double échec : le ministre des Outre-mer n’a pas obtenu d’accord de sortie de crise entre les différentes forces politiques de Nouvelle-Calédonie, mais surtout, c’est sa méthode qui a abouti à une impasse.
La lecture même de la crise de l’année 2024 et des violences qui ont secoué le caillou calédonien a été viciée dès le départ par l’idée inouïe de Manuel Valls que l’issue politique des émeutes tiendrait dans un accord institutionnel d’autodétermination ou d’autonomie accrue de la Nouvelle Calédonie. Ouvrir un débat institutionnel sur la braise encore incandescente d’une insurrection ultra-violente était de la pure folie ! C’était donner raison à la violence. Nous ne sommes plus en 1988, Monsieur le premier ministre.
Que pensent de cette dérive vallsienne François Bayrou, Emmanuel Macron mais également Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, candidats à la présidence de LR ? Il serait heureux d’entendre les candidats au nouveau leadership de la droite se démarquer de la ligne Valls.
Cette même grille de lecture suicidaire, osons le dire, a été appliquée en Martinique lors de la visite du ministre d’Etat en février dernier : Manuel Valls a voulu répondre aux insurrectionnels en leur tendant la main, en les rencontrant, en validant leur discours démagogique sur la vie chère, relayée par des deputés LFI, – quel comble – et au final en risquant de leur donner plus d’autonomie encore.
Heureusement en Nouvelle-Calédonie les loyalistes veillent et constituent une force politique déterminante qui n’a pas cédé aux sirènes institutionnelles de Manuel Valls. La Martinique manque, elle, pour le moment, de ce répondant politique mais il adviendra tôt ou tard.
De même, le projet de loi annoncé par Manuel Valls contre la vie chère, est d’orientation beaucoup trop socialiste et administrative. Non, les Outre-mer ont seulement besoin d’un retour du régalien et d’une adaptation et d’une simplification du droit et des normes administratives aux différents territoires ultra-marins. Telle devrait être la double ligne directrice d’une grande loi des Outre-mer aujourd’hui : donner la priorité absolue au retour de l’ordre et à un plan de développement économique par le haut.
Un comité inter-ministériel des Outre-mer aura-t-il bien lieu d’ici l’été ? Aurons-nous une loi Valls sur la vie chère ?
Une grande réforme fiscale serait peut-être préférable que des mesures de contrôle et de suspicion sur les acteurs économiques ultra-marins.
Oui les Outre-mer ont besoin d’une grande ambition française : nous l’espérions de Manuel Valls, mais de l’autre Valls, du libéral et régalien. Cette ambition ? Bâtir un projet de développement économique, de sécurité globale et d’ancrage géopolitique des Outre-mer dans la République française. Il permettrait aussi d’ouvrir de vrais débats, comme celui sur l’octroi de mer qu’a proposé, fait inédit, la délégation aux Outre-mer du Sénat, présidée par Micheline Jacques, dans son rapport d’information du 3 avril dernier.
Non, la leçon des violences en Nouvelle-Calédonie et en Martinique, ce n’est pas l’autodétermination, l’autonomie totale ou l’indépendance ! Osez changer de cap, Monsieur le ministre d’Etat.