Opinion Outre-Mer
17H00 - lundi 12 mai 2025

Hitia’a o te Ra sous les eaux : une trentaine de familles sinistrées

 

Hitia’a o te Ra sous les eaux : une trentaine de familles sinistréesTahiti a vécu une nuit de cauchemar : vendredi 9 mai, vers 22 h, un orage d’une violence inouïe a submergé Hitia’a o te Ra, de Mahaena (PK 32) au PK 42. En quelques rafales, les pluies diluviennes ont fait déborder la Vaitarau, “l’eau qui emporte tout”, et plusieurs de ses affluents. Ponts et caniveaux ont cédé, troncs d’arbres charriés ont bouché les rigoles : à l’aube, la coulée de boue régnait en maîtresse, infiltrant les maisons et coupant les routes. “C’est venu d’un coup : on n’a rien compris”, confie Philippe Vaitoare, responsable de la police municipale et des pompiers : là où certains secteurs s’attendent à leurs crues, d’autres découvraient pour la première fois le grondement du torrent. Quatre habitations inondées dès l’intervention initiale ; une trentaine de familles, sinistrées au petit matin après avoir épuisé leurs seaux et leurs pelles, selon Tahiti Infos.

Dans le quartier de Viviane Laurent, le portail gît en miettes : “Mon mari et mon fils ont dû dégager les planches pour que l’eau s’évacue. L’année dernière, ce n’était pas comme ça : cette fois, la rivière débordait des deux côtés.” À quelques pas, la maison de Mareva Kaiha, déjà noyée en 2017 et 2022, croulait à nouveau sous la vase. Ses trois enfants sont sains et saufs, “et c’est tout ce qui compte”, répète-t-elle, inlassable. “On a attendu que l’eau baisse pour pouvoir nettoyer. Ce n’est pas tout le temps, pas à chaque pluie.” Sous un soleil blafard, les habitants, armés de brouettes, n’ont pas fermé l’œil : la boue s’incrustait jusque dans les moindres recoins, matelas, électroménager et jouets d’enfants confondus. Tehauoterai Young, assistante de sécurité, précise : “Notre rôle, c’est d’évaluer les dégâts matériels, mais aussi humains et psychiques : il ne faut pas oublier que des enfants ont été exposés à la terre boueuse et aux chocs de la crue.”

Déployées dès l’orage, les équipes de la mairie ont ouvert deux gymnases en centres d’accueil d’urgence, distribuant couvertures, vivres et matelas gonflables. Les pompiers et la police municipale ont recensé trente sinistrés, tandis que le service technique s’emploie à dégager les axes coupés : Saint-Roch, Avera et Papenoo restaient inaccessibles à la mi-journée. La préfecture maintient la vigilance jaune pour orages et fortes pluies : d’autres averses pointent pour la fin de semaine. Les digues, déjà chancelantes, devront être renforcées, les berges déblayées et le tout inspecté avant la prochaine alerte. Hitia’a o te Ra, traversée par une vingtaine de rivières, paie chaque saison le tribut de son réseau hydrographique riche mais capricieux. L’orage de vendredi rappelle que le moindre embâcle peut basculer en catastrophe. Les élus et services de l’État planchent déjà sur des digues végétalisées et des bassins tampons, pour tempérer l’élan des torrents, selon La 1ère.

Pour les sinistrés, la route sera longue : déclaration de catastrophe naturelle, relogement provisoire, devis pour la remise en état des toitures et des planchers. Mais, dans ce bras de fer avec la pluie, c’est la solidarité qui l’emporte : voisins prêts à prêter outils et main d’œuvre, associations de secours mobilisées, élus à l’écoute. Hitia’a o te Ra panse ses plaies à l’ombre des mimosas, éprouvée mais solidaire. Reste à espérer que les prochaines pluies pleuvent moins en larmes qu’en simples gouttes – car le torrent, lui, garde son nom : “l’eau qui emporte tout”.

 

La Rédaction d’Opinion Internationale

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