Un nouveau scandale éclabousse le marché souterrain de la citoyenneté européenne et des titres de séjour. L’un de ses principaux opérateurs, le ressortissant iranien Alireza Bagheriyan, alias Yasha, est accusé d’avoir escroqué de nombreux clients à travers l’Europe et le Moyen-Orient — notamment des membres de l’élite ukrainienne — en promettant des passeports européens, des visas dorés et d’autres documents de régularisation.
Selon plusieurs sources du secteur, Bagheriyan aurait amassé des millions de dollars en usant de promesses fallacieuses et en disparaissant une fois les fonds transférés. « Notre famille lui a remis plusieurs centaines de milliers d’euros, et puis plus rien. Il s’est volatilisé. Et nous ne sommes pas les seuls », affirme un homme d’affaires ukrainien.
Originaire d’Iran, Bagheriyan a débuté ses activités à Kiev il y a une dizaine d’années. Il s’était bâti une réputation dans les cercles fermés comme « facilitateur » pour l’obtention de citoyennetés européennes, notamment en Roumanie, au Portugal ou à Chypre. Ses services étaient facturés entre 300 000 et 2 millions de dollars.
Une vie de luxe sur les réseaux, des plaintes dans plusieurs pays
Pendant que ses clients espéraient recevoir leurs documents, Alireza Bagheriyan s’affichait sur les réseaux sociaux dans un quotidien fastueux : restaurants étoilés, hôtels de luxe, virées dans les boutiques Cartier et Dior. Une façade clinquante qui contraste cruellement avec les plaintes accumulées contre lui.
L’avocat de l’une des victimes déclare avoir déposé des plaintes pour escroquerie auprès du parquet des Émirats arabes unis et dans plusieurs pays européens, notamment ceux que fréquente régulièrement l’escroc présumé. Une demande d’intervention auprès d’Europol et d’Interpol serait également en cours.
Mais ce n’est pas tout. Selon un document confidentiel que nous avons pu consulter, les services spéciaux ukrainiens surveillent de très près l’activité de Bagheriyan. L’homme est désormais dans le collimateur de l’appareil sécuritaire de Kiev, qui étudie l’application de sanctions économiques d’une ampleur inédite. Il est notamment question du blocage de tous ses avoirs, y compris ceux qu’il détient par personnes interposées, de l’interdiction de tout mouvement de capitaux à l’étranger, de la suspension de ses engagements économiques et financiers, du retrait de ses licences commerciales et autorisations d’exploiter, y compris dans les secteurs sensibles comme les ressources naturelles, ainsi que de l’exclusion des marchés publics et des processus de privatisation. Les autorités envisagent également d’interdire tout lien commercial entre Bagheriyan et des entités ukrainiennes ou étrangères opérant sur le territoire. En somme, le régime de sanctions prévu vise à l’asphyxier juridiquement, financièrement et commercialement.
En Ukraine, la police aurait déjà ouvert une enquête, en lien avec les plaintes déposées. Plusieurs sources affirment que Bagheriyan aurait utilisé des réseaux offshore, des sociétés écrans et des prête-noms pour déplacer les fonds et brouiller les pistes. Les services spéciaux, eux, ne semblent plus douter de la nature frauduleuse et organisée de ses activités.