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11H33 - mardi 13 mai 2025

Déplacements forcés : un record historique de 83,4 millions de personnes déplacées dans le monde fin 2024

 

Photo : une jeune fille près de sa tente dans le camp de Warga Dalal à Zakho, dans le nord de l’Irak. ©OCHA/Iason Athanasiadi

Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays a atteint un nouveau record en 2024. Selon un rapport conjoint de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), publié ce mardi à Genève, 83,4 millions de personnes étaient en situation de déplacement interne à la fin de l’année dernière. Un chiffre en forte hausse par rapport aux 75,9 millions enregistrés fin 2023.

Cette augmentation spectaculaire — près de 50 % en six ans — est attribuée à une combinaison dramatique de conflits armés, de violences internes et de catastrophes naturelles, dont l’intensité est amplifiée par le changement climatique.

Près de 90 % des déplacements recensés sont dus à des conflits et à des violences, soit environ 73,5 millions de personnes. Ce chiffre a bondi de 80 % depuis 2018. Le Soudan détient à lui seul un record historique : 11,6 millions de déplacés internes, en grande majorité à cause de la guerre civile et des combats incessants entre factions rivales.

La bande de Gaza est également particulièrement touchée. À la fin de l’année 2024, presque toute la population y était déplacée, avant même la nouvelle vague de bombardements israéliens qui a repris le 18 mars 2025 après une trêve de deux mois.

Au total, dix pays comptent chacun plus de trois millions de déplacés internes liés à des conflits et violences, témoignant de l’ampleur mondiale du phénomène.

Si les conflits restent la cause principale, les catastrophes naturelles jouent un rôle croissant dans les déplacements forcés. En 2024, elles ont provoqué près de 10 millions de déplacements, un chiffre qui a doublé en cinq ans. Aux États-Unis, confrontés à plusieurs ouragans majeurs comme Helene et Milton, pas moins de 11 millions de déplacements ont été enregistrés, soit près d’un quart du total mondial.

Selon le rapport, 99,5 % des déplacements causés par des catastrophes ont été provoqués par des événements météorologiques, souvent exacerbés par le dérèglement climatique.

Le rapport souligne également une donnée préoccupante : plus des trois quarts des déplacés internes victimes de conflits vivent dans des pays fortement exposés au changement climatique. Cette double vulnérabilité — à la violence humaine et aux phénomènes climatiques — complexifie les crises et allonge la durée des déplacements.

Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC, alerte dans un communiqué : « Le déplacement interne est l’endroit où se croisent conflit, pauvreté et crise climatique, et qui frappe les plus vulnérables de plein fouet ».

Alors que les ressources humanitaires sont de plus en plus limitées — notamment à cause du gel de l’aide américaine sous l’administration Trump —, les auteurs du rapport appellent à une réaction urgente de la communauté internationale. « Les chiffres de cette année doivent être un signal d’alarme pour la solidarité mondiale », insiste Jan Egeland, directeur du NRC.

Moins visibles que les réfugiés qui traversent les frontières, les déplacés internes restent pourtant les premières victimes des crises contemporaines. Leur nombre, désormais équivalent à la population de l’Allemagne, illustre la gravité d’un phénomène mondial qui ne cesse de s’aggraver.

 

La Rédaction d’Opinion Internationale

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